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Photographie

Sciences

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CIHM/ICMH

Microfiche

Séries.

CIHM/ICIVIH Collection de microfiches.

Canadian Inttituto for Historical Microreproductions / institut canadien de microreproductions historiques

Tachnical and Bibliographie Notas/Notas tachniquaa at bibliographiquaa

Tha Inatituta liaa attamptad to obtain tha baat original copy availabla for fllming. Faaturaa of thia ccpy which may ba bibliographically uniqua, which may altar any of tha imagaa in tha raproduction, or which may aignificantly changa tha uaual mathod of filming. ara chackad balow.

Colourad covara/ Couvartura da coulaur

I I Covars damagad/

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Couvartura andommagéa

Covars raatorad and/or laminatad/ Couvartura rastauréa at/ou palliculéa

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La titra da couvartura manqua

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Cartas géographiquat an coulaur

Colourad ink (i.a. othar than blua or black)/ Encra da coulaur (i.a. autra qua blaua ou noira)

I I Colourad platat and/or illuatrations/

Planchas at/ou illustrations «n coulaur

Bound with othar matarial/ Ralié avac d'autraa documants

Tight binding may causa ahadows or distortion along intarior margin/

La re liura sarréa paut causar da l'ombra ou da la diatortion la long da la marga intériaura

Blank laavas addad during rastoration may appaar within tha taxt. Whanavar poasibla, thasa hava baan omittad from filming/ Il sa paut qua cartainas pagas blanchas ajoutéas lors d'una rastauration apparaissant dans la taxta, mais, lorsqua cala était poasibla. caa pagas n'ont pas été filméas.

Additional commants:/ Commantairas supplémantairas:

L'institut a microfilmé la maillaur axamplaira qu'il lui a été poasibla da sa procurar. Las détails da eat axamplaira qui sont paut-étra uniquas du point da vua bibliographiqua, qui pauvant modifiar una imaga raproduita. ou qui pauvant axigar una modification dans la méthoda normala da fiimaga sont indiqués ci-daasous.

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Colourad pagas/ Pagaa da coulaur

Pagas damagad/ Pagas andommagéas

Pagaa raatorad and/or laminatad/ Pagas rastauréas at/ou palliculéas

Pagas diseolourad. stainad or foxad/ Pagas décoloréas, tachatéas ou piquéas

Pagaa datachad/ Pagas détachéas

Showthrough/ Tranaparanca

Quality of print varias/ Qualité inégala da l'imprassion

Includas supplamantary matarial/ Comprand du matérial aupplémantaira

Only adition availabla/ Saula édition disponibla

Pagas wholly or partially obscurad by arrata slips, tissuas, atc, hava baan rafilmad to ansura tha bast poasibla imaga/ Laa pagaa totalamant ou partiallamant obscurcias par un fauillat d'arrata. una palura. atc. ont été filméas à nouvaau da façon à obtanir la malllaura imaga possibla.

This itam is f ilmad at tha raduction ratio chackad balow/

Ca documant ast filmé au taux da réduction indiqué ci-d«aaoua.

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Bibliothèqu* nationale du Québec

L'exemplaire filmé fut reproduit grâce à la généroalté de:

Bibliothèque nationale du Québec

The Imagée appearing hère are the beat quailty poeaible ooneidering the condition and leglblllty of the originel copy and in keeping with the filming contract apecifieationa.

Les Images suivantes ont été reproduites avec le plus grand soin, compte tenu de la condition et de la netteté de l'exemplelre filmé, et en conformité avec les conditions du contrat de fllmege.

Original copies in printed paper covers are filmed beginning with the front cover and ending on the lest page with a printed or illustrated impres- sion, or the back cover when appropriate. AH other original coplea ère filmed beginning on the f Irst page with a printed or illustrated impree- slon, and ending on the laat page with a printed or lllustrsted impreeelon.

The lest reeorded frame on each microfiche shall contain the symbol -^ (meaning "CON- TINUED"). or the symbol Y (meaning "END"), whichever applles.

Les exemplaires originaux dont la couverture en papier est Imprimée sont filmés en commençant par le premier plat et en terminant soit par la dernière page qui comporte une empreinte d'Impreesion ou d'illustration, soit par le second plat, selon le cas. Tous les autres exemplaires originaux sont filmés en commençant par la première pege qui comporte une empreinte d'Impreesion ou d'illustration et en terminant par la dernière pege qui comporte une telle empreinte.

Un des eymboles suivants apparaîtra sur la dernière image de chaque microfiche, selon le cas: le symbole -^ signifie "A SUIVRE ", le symbole signifie "FIN".

Maps, plates, charts, etc., may be filmed et différent réduction ratios. Those too large to be entirely included In one expoaure ère filmed beginning in the upper left hand corner, left to right end top to bottom, as many frames es required. The following diagrams lllustrate the method:

Les certes, planches, tabieeux, etc., peuvent être filmés è des taux de réduction différents. Lorsque le document est trop grand pour être reproduit en un eeul cliché, il est filmé è partir de l'angle supérieur gauche, de gauche è droite, et de haut en bas, en prenant le nombre d'images nécessaire. Les diagrammes suivants illustrent la méthode.

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TROISIÈME £T DERNIERE

ENCYCLOPEDIE

THËOLOGIQCE,

ou rnOISlKME et DGItMÈnB

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ET A leurs rapports AVEC L'iIISTOIRE DES RACES HUHAINES.DE LEURS AIIGRATIONS, ETC. > Précédé d'uo

Essai snr le rftie di liigage dus rèvolotion de rintelligence honaine.

PAR L.-F. JEHAN (de Salat-ciaTicn).

Membre de la Société géologique de Franco, de l'Académie royale des sciences de Turin, etc.

Ce n'est que des hauteurs de l'intuilioa chrétienne que l'anliquité se dévoile au phiiologiie dans toute tj >'- ' vérité et sa beauté. Otfruo Miauit.

PUBLIÉ

PAR M. L>ABBË MIGNE.

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MKMBHB UK LA lUCIÉTÉ GÉOLOOtQl'B OB rRANCR, llC L'ArADÉSIIR ROTALB HBS «CIBNCBS

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DU LàNGAGZ et de son rAle dans la coMtitaUon de la raison, ou Vues philosophiques sur l'orisine des con- naissances humaines, t vol. in-18 Jésus, cnei LecoOre, rue du Vieux-Colombier, S9, à Paris, rrii : 9 fr. «0 e. C'i. ouvrage, dont les Joumaui et les revue* catbo- llque» françaises «t étrangères ont rendu le compte le plus favorable, présente, sur l'origine de nos connais- xances, la seule théorie qui, ainsi que l'a montré le cé- Ic'-lire auteur des deux articles publiés sur ce livre dans l'Univenité eatlmlique (Juin et Juillet 18SS), por- te le dernier coup li tous les faux systèmes et k toutes les hv|Mith{^ses auxquelles le rationalisme a eu recours pour résoudre celle question capitale.

EPITOME IMKTOni.e SACRiCANALYTICO-SYNTHÉ- TIOt'Ki rus.'ige des commençants, méthode nouvelle pour la version, l'anal.vse, l'élude des règles, etc., siius les inconvéïiienis du dictionnaire et de la gram- maire. Avec cette niélhode il n'est pas nécessaire de savoir le laliii pour l'enseigner, il suffit de savoir lire. 1 vol. iu-U. chez Lecoflye, k Paris. Prix : I fr. 2S c.

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die k son Effiinenee Mgr le cardinal Morlot, archevê- que de Paris. N ouvelle édition emiidéralitement ana- menlie. 1 vol. in-U, avec pi., chex LccolTie, k Parb. Prix :Sfr. 80c. ESQUISSES DES HARMONIES DE LA CRÉATION, ou les sciences naturelles étudiées du point de vue philo- sophique et religieux et dans leur applicalitm k l'in- dustrie et aux arts: histoire, mii'urs et liisiincts des animaux invertébrés. 1 fort vol. in-ll, précédé d'une introducllon gt'nérale, et orné de planches représen- tant un grand nombre do ligures dessinées et gravéea avec le plus grand soin, rjiez Lecolfre, k Paris. Prix : 3lr.

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(*) Ce', ouvrage avait été primiiivemenl annonet «ou* le titre de : Visionnaire des Objectiont tavmdtt.

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INTRODUCTION.

DES LANGUES

OGNSIDÉRÉES DANS LEUR ESSENCE ORGANIQUE ET DANS LEURS RAPPORTS AVEC L'HISTOIRE DES RACES HUBiAINES.

Iqiie.Vhlnlot.» tpiiiUiquei qu4 onire la reli- nnes.

l'ALÉONTiK

ISTIANlSMK. <CES PHYM-

>E PHILOLO*

IroiiRe.

ComiM la inonde est fliniré dans la nature, ainsi la Bitore humaine se peint diM la langage, et c'est par U que la linguistique peut-être nonmSe la dïnamiqu* de rcsprtl. ^

BOKH.

Dans notre Dtcft'onnatVe d'Anthropologie ou Bittoire naturelle des racée humaineet nous nous sommes principalement appuyé sur les caractàres physiologiques pour ra- mener à l'unité tous les types divers de notre espèce, répandus sur le globe. Nous n'avons point sans doute négligé l'argument tiré de 1*'' l'ié des langues, mais nous n'avons pu donner à cette partie de notre travail toui; ' Mendue convenable. Nous avons pensé que la linguistique est devenue, dans ces uerniers temps, une science assez vaste, assez importante surtout dans la solution des graves problèmes qui se rattachent à la nature de l'esprit humain ainsi qu'à l'histoire, h la filiation, h la civilisation des peuples, pour mériter une étude k part, et c'est ce qui nous a déter- miné à réunir, dans un Dictionnaire spécial, l'histoire de toutes les langues mor- tes et vivantes et de leurs principaux dialectes. Nous y avons joint l'examen d'une foule de questions d'un haut intérêt, particulièrement sur l'origine des peuples , sur celle de leurs idiomes, de leurs religions, de leurs traditions diverses, sur l'ethno- graphie philologique, linguistique, archéologique et sur la philologie comparée, que . l'on pourrait appeler la physiologie du langage.

U n'est aucune personne un peu instruite aujourd'hui qui ne sache comment l'é- tude comparée des langues peut conduire aux résultats les plus précieux pour l'his- toire primitive. Ce que peut avoir de fécond le procédé de la comparaison appli- qué è certaines études s'est rarement mieux révélé que dans les rapides progrès accom-

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plis par la science des langues h poriir du jour où, no bornant plus son effort k faire passer d'un idiome dans un autre un discours ou un ouvrage, elle a rapproché les procédés et les mots des divers idiomes, interrogé les grammaires, non pour en appliquer les règles, mais pour en analyser le génie, cherché enlin dans l'histoire du langage l'explication des origi- nes ou du classement des sociétés humaines. La philologie comparée a pour but d'établir, par la comparaison des mots et des formes grammaticales, les lois de développement do la faculté qu'on nomme la parole, et, dans les divers modes d'application de ces lois, elle ar- rive h reconnaître satis peine l'flge d'une langue comme le degr'' de civilisation qu'elle représente. On congoil qu'on puisse aller loin dans cette voie quand on considère; et qu'on étudie tous les mots, et qu'on ajoute à cette étude celle des constructions grammaticales, tel que le système des signes pour représenter les temps et les modes des verbes, les divers rAles des noms, dans les phrases, qu'on a appelés ca* dans plusieurs langues, etc., etc.

Or, depuis Leibnitz, qui proposa l'étude comparée des langues comme moyen d'éclairer les migrations des peuples dans l'antiquité, qui commença cette étude d'une manière vrai- ment scientifique, parce qu'elle était philosophique, et qui annonça d'avance une partie des nombreuses découvertes qu'on a faites, la philologie ethnographique est devenue une des sciences les plus fécondes des temps modernes.

Après des efforts vains et longtemps prolongés pour faire remonter toutes les langues à quelqu'une des langues connues qui auraient été leur mère commune, et que l'on suppo- sait être l'hébreu, on prit enfin le parti de renoncer h tout système préconçu et de se met- tre à comparer simplement les langues entre elles, mortes et vivantes, afin de constater, par détails, leurs alQnités. Ce qui constitue le fondement et tout è la fois l'objet de la phi- lologie comparée, c'est la reconstruction du travail mental d'où sont sorties les langues et qui a présidé è leurs variations. Cette science poursuit deux ordres d'études. Dans le pre- mier, elle refait l'histoire intérieure, interne, d'une langue ou d'une famille de langues. Dans le second, elle dresse une classiQcation des langues connues, compte les familles et détermine k laquelle chacune d'elles appartient, puis scrute les affinités qui lient ces fn- milles entre elles. L'ensemble des premières recherches met sur la voie des secondes. Les principes que promet de poser l'histoire d'une langue poursuivie dans toutes ses transformations et ses dérivations apprennent à fixer l'âge d'une idiome, la période à la- quelle appartient la forme qu'il nous présente, et l'on n'est plus alors exposé k prendre pour des différences spécifiques ce qui ne tient qu'à des inégalités de développement, et h tomber ainsi dans cette erreur, fréquente en ornithologie, qui fait regarder comme d'es- pèces diverses des individus spécifiquement identiques, mais dont le plumage diffère à raison de l'flge et du sexe.

Parmi les nombreux déblayeurs d'une Babel à effrayer les plus audacieux, nous devons mentionner les Paulin de Saiiit-Barthélemy, Young, Anquetil Duperron, Abel Remusat, Adelung, Vater, Bopp, Grawfurd, Marsden, les Champollion, G. de Humboidt, Klaprotb, Baibi, Kennedy, Gallalin, Duponceau, Jackel, Sharon Turner, Leyden, Betham, les deux âchlégel, Prichnrd, Whiter, Goulianoff, llérian, Hammcr, Lassen, Lepsius, Eichhoff, J. Grimm, Pott, notre immortel Burnouf, et une innombrable phalange d'idiomographes et de philologues du second ordre dont les ouvrages formeraient seuls une bibliothèque considérat)le. Ces hommes, qui ont surgi depuis un siècle, de tous les pays savants, tra- vaillèrent d'abord sans aucun plan commun et sans méthode commune. Chacun attaquait au hasard les langues pour lesquelles il avait le plus d'attrait; chacun observait à sa manière. Les uns, tel que Kloproth, prétendant que « les mots sont l'étoffe du langage et que la grammaire ne donne que la forme, » s'attachèrent aux étymologies et for- mèrent ce qu'on a appelé l'école des Lexicographes; d'autres, tels que Bopp, Schlégel, G. de Humboidt, considérèrent la construction grammaticale comme plus importnnte, et les analogies qu'elle présentait entre plusieurs langues comme plus fondamentales. Il est résulté, de tous ces travaux épars, des matériaux scientifiques que l'on a pu coo>

«s DES LANGUES CONSIDEREES DANS LEUR ESSENCE ORGANIOUE, ETC. U

donner el qui ont conduit è la solution de questions fort curieuses et du plus vif in* lérét.

Nous nous proposons de résumer d'abord les principaui résultats de l'élude interne des langues, de ce qui constitue leur essence, leur organisme, ou concerne leur déve- loppement historique, puis nous rechercherons les données qui •a ont réglé la classifi- cation, usant de toutes les ressources que l'idiomographie comparée peut nous fournir pour déterminer l'origine et la filiation des races et des peuples.

II.

L'activité de l'esprit a besoin d'une langue pour se manifester sous les formes de la pen- sée, do la même manière que l'âme a besoin du corps : on ne peut penser qu'au moyen d'une langue et plus une langue est apte k exprimer toutes les émotions, tous les mouve- ments de l'flme, plus ellese rapproche de la perfection. Klle est, au contraire* d'autant plus imparfaite que son expression acoustique reste davantage en arrière de la pensée et n'en peut donner que des abréviations.

Penser, c'est mettre les conceptions de notre esprit, les notions, dans tel rapport ou telle re- lation. Toute langue se décompose donc en deux éléments : les notioni et les rapporté. Les notions oa représentations sont comme les matériaux de la langue; les rapports entre les notions constituent la forme. La perfection d'une langue consisterait k exprimer d'une ma« nière acoustiquement complète et ses éléments matériels et ses éléments formels. On ap- pelle iignifieotioiu les notions ou représentations. L'essence d'une langue est donc basée sur la manière dont elle exprime aeouHiquenunt, c'est-k-dire par un mot, les significa- tions et les rapports.

La iignilkationt exprimée par un mot, s'appelle racine; elle peut être séparée de tout mot qui exprime le rappori: ainsi lvimm,j» frappaU, se compose d'abord de tun . racine et mot de siguiflcation, et de plusieurs mots de relation : c , exprimant le rapport du passé; ->T— , le rapport du présent; ov, exprimant le rapport de la première personne du sin- gulier ou de la troisième du pluriel.

Ainsi le mot est un produit k la création duquel ont concouru la signification et la rela- tion. C'est de l'expression de l'une et de l'autre que dépend la formation du mot, puis la construction de la phrase, enfin le caractère entier de l'idiome. Une racine n'apparait d'une manière bien déterminée que par l'expression acoustique de la relation : c'est de la sorte qu'une racine doit revêtir ('«s diverses figures appelées adjectif, substantif, verbe, cas, mode, temps, etc., et servir de base k la déclinaison et k la conjugaison.

La signification peut se trouver exprimée phonétiquement sans que la relation le soit. Cettedernièro reste pour ainsi dire latente; elle est alors suppléée par quelque autre mani- festation, par la place qu'on lui fait occuper dans la phrase, par l'accentuation et l'intoua- tion, par le geste, ete. Ces moyens détournés pour exprimer la relation entre les significa- tions s'observent principalement dans les idiomes monosyllabiques, dans la langue chinoise, par exemple. Une langue monosyllabique ne se compose que do racines exprimant une signification, mais ne renfermant qu'implicitement la relation. Ici les catégories des mots ne sont pas distinctes par des sons acoustiques particuliers, et le même mot, le même son, peut représenter un substantif, un verbe, une particule, un nominatif, un génitif, un temps présent ou passé, un indicatif, un subjonctif, un actif, un passif, etc. Les distinctions ne se font qu'à l'aide de la place qu'on donne k ce mot dans la phrase, et c'est ce qui lui imprime lo cachet spécial de telle ou telle relation.

Dans les langues k syllabes simples, k racines monosyllabiques, la simplicité, l'unité de lïdee se reflète dans l'unité du «on, dans la syllabe unique; le mot n'est point encore de- venu un organisme, une multiplicité de divers membres : le mot n'est ici qu'une unité ferme et sèche comme un cristal.

Il IMUODUCnUN. it

On remarqua cependanl une transition proitiue insenaibte entre ce principe rigoureuae- menl unitaire et l'opposition d'un son déterminant, d'une rtlation, 5 côté du ion de liyni- fication. Ici on choisit, pour exprimer la relation, toit dos sons ayant une signification générale, homme, femme, par eiemplo, pour désigner le sexe, soit des racines de relation, nomme des pronoms, c'est-à-dire des racines qui avaient primltlvomcnl une signlQcatiun très-générale ou qui l'ont reçue plus tard.

Quand ces sortes de compositions augmentent en nombre, le caractère de l'idiome mo* nos>llal)ique se transforme. En effet, quand la relation s'exprime par des mots accolés à la fln du mot de la êignifieation resté immualile, le signe caractéristique de l'idiomo roonosyl- labique disparaît : le mot iij/ni/lcaf 1/ ne renferme |ilus le mot relatif; celui-ci obtient une existence h part. Tous ces mots do relation avaient été à l'origine des mots designiflcation, plus tard ils se sont altérés et ont (Ini par devenir des mots de relation. C'est ainsi que nous arrivons h la deuxième grande classe do langues, celle des longues ti'agglomération ou d'agglutination, qui procèdent dans leur formation par voie simplement mécanique. Celte langue, à laquelle appartiennent presque toutes les langues américaines (1) et le basque, en Europe, comprend beaucoup de subdivisions, selon la manière plus ou moins intime dont les mots do relation s'attachent soit k la racine, c'est-k-dire au mot de signlH- cation, soit entre eux. Quelquefois les mots afllxes existent encore comme s'ils n'étaient que des mots isolés; d'autres fois la fusion est si intime que la langue agglomérante se rapproche visiblement des langues de la troisième classe, ou langues è flexion.

Celte classe intermédiaire des langues, nous parlons des langues par agglutination, compte un grand nombre d'individus, ou plutôt la plus grande partie des langues du genre humain appartient à celte catégorie. Dans ces langues, le mot se forme par des membres qui se juxtaposent; tel est le caractère tranché qui les distingue des idiomes monosylla- biques. Mais ces membres ne se confondent pas encore en un seul organisme entier ; c'est ce qui constitue une différence fondamentale entre ces langues et les langues à flexion. Le mot n'est encore dans les premières qu'un composé de plusieurs mots conservant en- core chacun une sorte d'individualité.

Dans la première classe, nous rencontrons l'unité la plus rigoureuse, mail «ans l'exrref- sion particulière des relations.

Dans la deuxième classe, nous rencontrons l'expression souvent très-explicite des rela- tions è l'aide des mots allixes, mais aux dépens de l'unité.

Dans la troisième classe, enfin, nous trouvons la signiflcation et la relation incorporées dans des mots particuliers, et cela sans déroger h l'unité. Voilk certainement la classe la pi us, élevée, la plus riche, la plus féconde, la plus flexible; elle seule reflète, mieux que les deux précédentes, les mouvements de l'âme et de l'esprit, l'acte de la pensée, dans laquelle il y a fusion complète de la signification et de la relation, qui le pénètrent réci- proquement. Ce qu'il y a de grandiose dans ce triple développement, c'est que, sur le pre- mier échelon, nous voyons Videntité sans différencee, l'identilé pure et simple de la signiQ- eation et de la relation ; sur le deuxième échelon, nous découvrons la différenciation de la signiflcation d'avec la relation ; à l'aide de mots spécialement affectés k manifester l'une et l'autre; enfin, sur le troisième échelon, cette différenciation, cette séparation se reforme do nouveau pour reconstituer Vunité, mais unité infiniment supérieure k l'unité de l'iden- tilé primitive, |)uisquo cette seconde unité est le résultat de la différence précédente. Cette seconde unité' n'est plus le contraire pur et simple de la différenciation, elle l'a absorbée, digérée, assimilée; bref, elle agit comme le vrai organisme vivant, comme l'animal. Les idiomes à flexion sont donc les êtres les plus parfaits de tout le règne de la parole; dans ces idiomes le mot est devenu Vunité de la multiplicité des membres ondes organes, c'est-k- dire l'organisme unitaire et multiple k la fois.

{l)Noiis difions pre»que tonte», car il Tant au mniiii l'ucept^T In quarimi du ItrcsU el l'oihoiiii du Mexique, qui n'ont pas du tout celle naiure pnlijHijn-

thiiiqiie nu de langues k composUIon par a^gluli- iiaiioii, thèse que Uupuneeau nous semble avoir trop

géiiénlis c.

i; DES LNNCllES CONSIDEREKS DANS LEUR ESSENCE ÛnUANIQUE, ETC. It

C'est réluiio du sanskrit sartout qui a rnis en éviiionco cos lois curieusoi de la transfor- nation gradiiollo des langues. Au dfibul, dons le Riij-}'<!4a, cette langue apparaît avec ce caractère synthëii(|ue. ces eipressions complexes que l'on remarque dans les langues d'un organisme inférieur. Puis vient le sanskrit des graiidoN épopées de l'Inde; la langue a gagné alors plus de souplesse, tout en conservant cependant encore la raideur de ses première» allures. nienlAt l'édiflco grammatical se décomfwse : le poli, qui correspond h son premier Age d'altération, est empreint d'un remaniuable esprit d'analyse. •« Les lois qui ont présidé k la formation de cette langue, dit B. Burnouf, «sont celles dont on retrouve l'oiiplicalion dans d'autres idiomes, h des époques et dans dos contrées trës<di verses; ces lois sont gé- nérales, parce qu'elles sont nécessaires. Que l'on compare, «n effet, au latin les longues qui en sont dérivées, aux anciens dialectes teutoniques les langues do la même origine, au greo ancien le grec moderne, au sanskrit les tiombreux dialectes populaires de l'Inde : on verra se développer les mêmes principes, s'appliquer les mémos lois. Les iniloxions organiques des langues mères subsistent en partie, mais dans un état évident d'altération. Plus généralement elles disparaissent et sont remplacées, les cas par des particules, les temps par des verbes auxiliaires. Ces procédés varient d'une langue h l'autre, mais le principe demeure le même; c'est toujours l'analyse, soit qu'une langue synthétique se trouve tout k coup parlée par des barbares qui, n'en comprenant pas la structure, en sup- priment et en remplacent les inflexions, soit qu'abandonnée k *on propre cours, et h força d'être cultivée, elle tende k décomposer et k subdiviser los signes représcntatil's des idées et des rapports eux-mêmes. »

Le prflkrit, qui représente le second âge d'altération de la langue sanskrite, est soumis aux mêmes analogies ; d'une part il est moins riche, de l'auii-o plus simple et plus facile. Enlln, le kawi, ancien idiome de Java, est une corruption du sanskrit coite langue est |)rivée de ses inflexions et a pris on échange les prépositions et les verbes auxiliaires des dialectes vulgaires de cette lie. Ces trois langues elles-mêmes, formées par dérivation du »anskrit, éprouvent bientôt le même sort que leur mère, elles deviennent h leur tour langues mortes, savantes et sacrées, le pâli dans l'tlo de Ceyian et l'Indo-Chine, le prAkrit chez la secte des Djaïnas, le kawi dans les lies de Java, Biisi et Mndoura. Alors s'tMèvent dans l'Inde des dialectes plus populaires encore ; les langues gouri, l'hindoui, le bengnli, lo cachomirion, le dialecte do Gouzeratc, lo mahralteet les autres idiomes vulgaires de l'Hin- dousian, dont le système est beaucoup moins savant (2).

Cette triplicité de système qui se révèle dons l'expression de la pensée humaine en tant qu'elle se manifeste par la parole, embrasse toutes les langues, soit éteintes, soit par- lées aujourd'hui sur le globe. Une langue qui n'appartient à aucune dos trois grandes classes que nous venons de mentionner, est-elle possible? Il semble que la nature de l'es- prit hiiuiain et les lois de la pensée ne permettent pas de répondre autrement que par négative.

ici se présente naturellement k l'esprit, sur la nature intime du langage dans ses rap- ports avec la pensée, une foule de considérations dont nous «tssayerons de développer quelques-unes, renvoyant k VEttai qui suit (col. 83, ci-dussous), des développements plus complets sur cette matière.

0ans la pleine réalité, si tout est distinct, rien n'est isolé. Tout ce qui vit, se meut et sa déploie dans le sens d'un organisme et avec un caractère individuel; mais tout se touche et s'engrène dans le monde; quelque librement quo se puisse manifester une individualité, jamais elle ne saurait s'atTranchir de cette immense solidarité qui enveloppe la sphère ds

(3) La cause de ces tr»nsfornallons se trouve AkM la condilion même d'une langue, dans la ma- nière lionl elle se murtèlB «ur les iinpreuions et les besoins de l'esprit ; elle lient à sun mode même de génération. « Il ne faut pas.i dit G. de Huml)oldt, « considérer une langue eomma un produit mort et

une fois formé ; c'est un être vivant et toujours créateur. Lt pensée liumuine s'élabore a«ec Ifs pro- grès de l'intelligence , et celle pensée, la langue en est la nianireslation. Un idiome ne saurait donc de- meurer si»tionnair«, il marche, il se itcvtlopp*, il grandit et se fortiSe , il vieillit et s'éliok». *

« INTKODUCnON. «0

l'univers créé. Scion que l'individualité grandit, les rapports s'élèvent et m multiplient, de même qu'à la personnalité humaine se mesure le vrai progrès social.

La connaissance d'un être implique donc la connaissance des rapports qu'il soutient avec d'autres êtres. Il y a plus : dans le monde de l'intelligence, la môme solidarité existe entre les idées. En effet, qui connaît, cbei che et arrive à désigner, ^ nommer et à définir, et dans tous ces actes se retrouve un même procédé : rattacher l'individuel au général.

Il va de soi qu'il en doit être de même dans le langage, naturelle et nécessaire réverbé- ration de la pensée. Dans toute langue, quelque rudimentaire qu'elle soit, il y a une dési- gnation des choses ou des idées, et une désignation de leurs rapports (3). Le sens plein d'un mot résulte à la fois de la notation de l'idée et de l'indication de la catégorie {i). S'il est vrai que tout mot a primitivement et foncièrement un sens matériel et cori;ret, c'est- à-dire individuel, il est tout aussi vrai que, pour la peûsée, le mot, dès qu I existe pour elle, côtoie un sens abstrait ou général. De telle sorte que dans le monde des mots, comme dans celui des idées et celui des choses, il y a toujours à un certain degré un entrelacement, une pénétration mutuelle de l'individuel et du général. Tout ce qui est, tout ce qu'on pense, tout ce qu'on nomme, est individuel, et cependant ne se conçoit et ne se nomme que par la catégorie. C'est que, hors Dieu, il n'y a rien au monde qui ait en soi son prin- cipe et sa On.

Ce besoin de marquer à choque mot son rAle, à chaque individu sa classe, donne nais- sance aux formes grammaticales, et à cet égard, il est vrai de dire que toute langue a des formes, c'est-à-dire un système plus ou moins développé pour indiquer les rapports et les catégories.

Les formes grammaticales sont comme des exposants des rapports des mots avec l'unité totale de ta phrase (5).

Dans le vrai sens linguistique, la phrase n'est pas une pure juxtaposition des parties du discours qui auraient été inventées successivement, en raison du développement des be- soins intellectuels. Tout, dans la vie des langues (et c'est toujours de la vie qu'il s'y agit), tout ce qui se produit dans la parole humaine, se range par unités organiques. Il y a l'unité du discours, l'unité de la période, l'unité de la proposition, l'unité du mot, l'unité de la syllabe. Chacune de ces unités correspond non pas à une pure collection ou aggrégation, mais à un organisme vivant (6).

Le mot est la molécule intégrante de la phrase : il ne se comprend complètement que par elle. La phrase, à son tour, peut être envisagée comme un mot à la seconde puis- sance (7).

Dès qu'un mot fonctionne, il a pris place dans un système de rapports plus ou moins compliqués,! et] selon qu'une langue a plus ou moins de force expressive, ces rapports, comme nous l'avons vu plus haut, sont plus ou moins explicitement indiqués.

Les savants ne connaissent pas de langue qui pousse plus loin à cet égard la richesse d'expression et de notation que le sanskrit. La phrase y apparaît, même aux yeux, comme un tout indissoluble, un agencement, un engrenage, et c'est avec un grand sens qu'on a soutenu dans ces derniers temps que les nombreuses lois euphoniques imposées à la rencontre des lettres initiales et Qnales des mots correspondent à un sentiment profond de l'unité organique de la phrase. On peut trouver sans doute que cette minutieuse notation

^5Î

(S) TiEDEMANN, Sytlem der Stoitchen Phitotophie, 1,166.— PoTT, LtffmoL Forschunaen , ï, l4tt. niNusEii., Phyiiotogie der StimnttUHd Sprachlaule , p. 13.

(Il HiiHBOLDT, Veber Veruhiedtnheil , etc., $ 14; tnltlthen (ter Qrammamchen Furnifn {Mémoires

de FAeadém. de Berlin, 1822-1823).

(5) IlimBOLOT, Lettre à A. Rémuial sur ta nature de» forme» grammaticale», Paris, 1827.

(6) lluHBOLDT, f/efrcr Yerstkiedenheil, etc., ( 15

(7) PuTT, EinUiluug.

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il DES TANGUES CONSIbEREES DANS LEDIT ESSENCE ORGANIQUE, ETC. 82

entrare l'exercice de la pensée, l'application de l'analyse. Mais il nous suffit ici cons.- tater le fait (8).

Il se trouve d'ailleurs ou se pressent plus ou moins atténué dans tout le groupe des langues indo-européennes. Et il est important pour la philologie comparée de l'étudier il se rencontre dans sa plénitude, parce qu'il offre la vraie base d'interprétation et d'appréciation des formes grammaticales. C'est pour avoir méconnu cette vérité, qu'il a régné pendant si longtemps tant d'arbitraire dans tes jugements des grammairiens. On ne remue rien sans point d'appui.

La flexion constitue la vraie forme grammaticale. Elle fléchit, assouplit, ajuste les mots dans la phrase. Sans elle, il y a encore phrase, mais plutôt dans la pensée que dans l'ex- pression complète et véritable. Son caractère propre est d'être abstraite, générale, uni- forme et immuable dans toute une série d'applications. C'est une pure expression de rapport, et qui par conséquent ne se conçoit réellement que dans la contexture d'une phrase, dans un ensemble de mots. La flexion forme avec le mot, non pas un tout composé,, mais un tcut simple, indivisible. Ce ne sont pas deux éléments, deux idées ■accolées, nouées l'une è l'autre, c'est une subordination, une hiérarchie, une idée développée, c'es't-à-dire déterminée et classée.

L'étude attentive des langues prouve que la flexion domine tout dès qu'elle se montre. Ce ne peut être une qualité adventice et fortuite que tel ou tel génie, telle ou telle cop- vention a inoculé à un idiome : c'est une propriété essentielle, première, et qui, sortant du plus profond de l'aptitude linguistique d'une nation, préside à tous ses développe- ments ultérieurs et s'engrène dans l'organisme total de la langue nationale. Elle se trouve notamment dans la plus étroite liaison avec deux éléments contradictoires en apparence, mais au fond coopérant organiquement, Vunité lexicale et la diviiion analytique de la phrase. D'un cAté elle rattache les mots les uns aux autres comme unités individuelles mais solidaires; de l'autre elle favorise la division analytique de la phrase et la liberté do sa formation ; en ce que, dans son procédé purement grammatical, «lie pourvoit les mots de signes caractérisques qui font reconnaître facilement les rapports des parties avec le tout. Elle aide ainsi également k l'analyse des détails et h la conception synthétique. EnQn, ce qui est plus important encore, comme elle est surtout l'expression des rapports logiques de l'individuel et du général, elle stimule les plus audacieux élans de la pensée pbiloso()hique.

Dans le tissu {textui) du discours, dans la synthèse linguistique arrivée à son point culminant, la flexion répond k la fuis k une exigence logique et k une exigence d'euphonie ou d'eurhythmîe. Comme tout penser consiste k isoler et k unir, k décomposer et k recons- truire, il a besoin d'une forme intellectualisée qui serve k indiquer l'unité des parties, c'est-k-dire des mots, et l'unité du 4out, c'est-k-dire de la phrase. Or, la flexion répond merveilleusement k ce besoin, ea ce qu'elle n'a pas d'autre rôle que d'y répondre. D'un autre côté le son cherche naturellement k mettre ses différentes modifications qui entrent en contact, dans une ordonnance qui plaise k l'élocution comme k l'oreille. Souvent il se borne k aplanir des difficultés de prononciation ou fc obéir k des habitudes organiques., Quelquefois il va plus loin, et en fondant intimement la flexion avec le radical, il cherche et arrive k former des sections rhythmiques, et l'on dirait qu'il n'a souci que d'un plaisir d'acoustique; mais,'k bien voir les choses, il y a une élaboration du son par le sens linguistique interne pour faire de l'unité acoustique le symbole de l'unité d'une idée déterminée.

(8) Le sanskrit esd sans douta nm hingm morte, savante et de loard attirail, mais ce n'eiit pas une ian{(ue factice , conveiiiionnelle cl <)ui n'aurait ja- mais été vivante,. parlée. Ou a également dit, mais nvec aussi peu de raison, que ta langue savante des Cliiiioii (wtH'lu) CM le produit de pures conibiuai-

sens artiflcielles (BAttN, Prineipe$ ginifaus du thi- noit vulgaire). Or , on arrive par la à celle étrange assertion de M. Ampère {De ta Chine et de* tru' vauxdeM.Abel Rémutat), qu'en Chine la langue écrite a précédé la langue parlée ( le chinois vul- gain)) î

i

«S INTRODUCTION. U

Le son contribue k indiquer l'unité lexicale par la pau$e, par les mutations syllabiques internée et par. /'accent. Lapau«« ne peut servir qu'à indiquer l'unité extérieure; en dedans du mot, elle détruirait son unité. Mais dans le discours agencé, un repos de la voix à la tin des mots, repos fugitif et perceptible seulement pour l'oreille exercée, est naturel puur rendre reconnaissabies les éléments de la pensée, tout en se subordonnant aux exigences de l'entrelacement de la phrase. Les langues se